Un des premiers campements de tentes à Wahta. Nous ne connaissons pas la date de cette ancienne photo d’un campement des Mohawks de Wahta, mais elle montre comment les familles ont survécu pendant les premières années après l’arrivée sur leurs terres à Misko-Aki. Gracieuseté de la Collection de photos Roy Rennie.
SIXIÈME IMPLANTATION
Arrivée des Mohawks de Wahta
Ce que vous apprendrez dans cette section du site
Les Haudenosaunee (peuple de la maison longue) - les nations Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora - ont une longue histoire de voyage et de chasse dans la région de Misko-Aki. Au XVIIe siècle, ils possédaient plusieurs villages le long de la rive nord du lac Ontario. En 1881, plusieurs dizaines de familles mohawks quittent leur communauté de Kanesatake, dans le sud-ouest du Québec, pour se rendre dans les forêts de Misko-Aki. Fuyant les persécutions des missionnaires sulpiciens, ils ont choisi cette région, le lieu des érables à sucre qu’ils ont appelé Wahta, pour commencer leur nouvelle vie.
Chaque nation autochtone possède des œuvres d’art uniques, et l’art mohawk se caractérise généralement par l’utilisation de perles en relief pour souligner la forme des feuilles, des fleurs et des animaux, en cousant des rangées de perles qui se superposent à d’autres perles. La couleur est également utilisée pour créer une illusion de profondeur.
L’art mohawk ou des Haudenosaunee comprend, entre autres, de magnifiques mocassins perlés, des robes et des paniers complexes. Les Mohawks excellaient également dans la fabrication de raquettes, avec la même technique que celle utilisée pour fabriquer les bâtons de jeu de crosse.
Les raquettes sont d’une conception ingénieuse, car elles permettent à la personne qui les chausse de marcher dans la neige sans s’y enfoncer. Comme le canoë d’écorce, les raquettes offrent la simplicité et l’élégance d’une conception fonctionnelle. Les raquettes ont fait leur transition vers les matériaux modernes en ne nécessitant que très peu de modifications au design d’origine.
Délocalisation, promesses non tenues et résilience
Les Haudenosaunee (le Peuple de la longue maison) comprennent les nations Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora. Ces Premières Nations ont une longue tradition de voyages et de chasse dans la région de Misko-Aki. Au XVIIe siècle, elles possédaient plusieurs villages le long de la rive nord du lac Ontario et étaient culturellement affiliées aux premiers habitants des lieux, les Hurons-Wendat. Au XIXe siècle, plusieurs Mohawks sont retournés à Misko-Aki pour s’installer dans la région connue aujourd’hui sous le nom de Wahta (« L’érable à sucre »). Leur histoire est un exemple dramatique d’une confrontation à l’adversité, de lutte pour relever des défis et enfin, de prospérité dans cet endroit magnifique.
Le chef Joseph Onasakenrat a mené la lutte contre l’oppression des Sulpiciens et d’Oka et a contribué à sécuriser des terres à Misko-Aki pour les Mohawks qui sont arrivés en 1881. Il arbore une ceinture de wampum offerte aux Mohawks, aux Nippisings et aux Algonquins qui ont fondé la communauté de Kanehsatà:ke en 1717. Pour le chef Onasakenrat, cette ceinture de wampum prouvait qu’ils possédaient les titres de propriété de leurs terres.
GRACIEUSETÉ DE LA COLLECTION RICK HILL
L’exode de Kanesatake
(Lac des Deux-Montagnes, alias Oka)
En octobre 1881, plusieurs dizaines de familles mohawks, soit quelque 70 adultes et 63 enfants, menées par les chefs Joseph Onesakenrat et Louis Sahanatien quittent leur communauté de Kanesatake dans le sud-ouest du Québec pour se rendre dans les boisés de Misko-Aki. Fuyant les persécutions des missionnaires (les Sulpiciens), ces Mohawks ont choisi cet endroit qu’ils appelaient Wahta, là où il y avait des érables à sucre, pour commencer une nouvelle vie. La transition fut difficile.
« Les adieux se font au milieu des larmes et des embrassades. Les chanteurs dans le bateau à vapeur se sont rassemblés sur le pont avant et ont commencé à entonner leur chanson d’adieu en indien - un chant composé spécialement pour l’occasion. Certaines personnes dans cette chorale ne pouvaient pas chanter, car la tristesse des paroles étouffait leurs voix ».
– Charles A. Cooke, un érudit mohawk, faisait partie de ceux qui ont déménagé d’Oka à Wahta et il évoque ici son voyage.
Les Mohawks arrivent à Misko-Aki
Les familles mohawks, avec tous leurs biens à la traîne, ont d’abord fait un voyage de dix jours en bateau à vapeur; elles ont ensuite voyagé sur une barge jusqu’à St Annes, puis en train jusqu’à Gravenhurst. En cours de route, une petite fille nommée Watahi:ne est née. Ensuite, ces familles ont embarqué sur un deuxième bateau à vapeur jusqu’à Bala, ont fait une autre partie du périple sur des radeaux et enfin parcouru à pied environ trois kilomètres jusqu’à l’endroit où des terres leur avaient été attribuées.
« Grand-mère a marché alors que la neige atteignait deux pieds d’épaisseur. Elle portait sa longue robe et elle était gelée des chevilles aux genoux et elle portait un bébé. »
– Un aîné de Wahta, Wahta Hydro Oral History Project Report, non daté
Des promesses non tenues
Les Mohawks arrivèrent constatent que les maisons que le gouvernement et les Sulpiciens leur avaient promises n’avaient pas été construites. La première nuit, une bordée de neige abondante est tombée. Mal préparés pour un tel climat, les Mohawks doivent se précipiter pour se protéger du froid. Les femmes auraient ainsi découpé de vieilles couvertures en longues bandes pour envelopper les pieds des enfants. Ils ont été contraints de passer le premier hiver dans des tentes. Ce fut un hiver mortel : six de leurs enfants et quelques adultes sont décédés de la fièvre typhoïde. Au bout de deux semaines, les vivres commencèrent à manquer. Beaucoup furent surpris de constater que des squatters blancs s’étaient déjà installés sur leur territoire, avaient défriché des terres et bâti des maisons et des granges. Il a fallu un certain temps au gouvernement pour en déloger ses occupants. Certains Mohawks s’installèrent par la suite dans les maisons construites par les squatters.
« Que devons-nous faire, étrangers dans un nouveau lieu - nos cabanes ne sont même pas en état d’être occupées - nos provisions sont très basses et environ les deux tiers d’entre nous n’ont pas assez d’argent pour acheter ne serait-ce qu’une journée de vivres... Que pouvons-nous faire? »
– Louis Sahanatien, chef de Wahta, à l’agent des Indiens, 15 novembre 1881
Se bâtir un chez-soi
Les Mohawks arrivèrent trop tard dans la saison pour obtenir les emplois promis dans les camps de bûcherons des environs. En mars 1882, le gouvernement fédéral leur a retiré toute aide et les a encouragés à « gagner leur vie et à devenir autonomes à l’avenir ». Ils ont essayé de créer des jardins sauvages, mais les inondations provoquées par les compagnies forestières locales ont anéanti leurs récoltes pendant deux années de suite. Il n’y avait pas de routes vers la colonie de peuplement et il était donc difficile d’obtenir des biens et des matériaux pour construire des maisons. Les gens mouraient de faim. En août 1882, 22 familles en ont eu assez et quittèrent Wahta pour Kanesatake, Akwesasne et Tyendinaga (ou Kahnawake). Les Mohawks qui sont restés sur place ont persévéré et leurs fermes ont fini par prospérer. Ils ont de plus trouvé du travail dans l’industrie du bois d’œuvre et dans un secteur touristique en plein essor. Cependant, ils n’ont jamais perdu leur identité mohawk ni leur capacité à vivre en harmonie avec la terre.
Isaiah Dewasha (à genoux sur la photo) a guidé les visiteurs dans toute la région. Les Wahtaronon dépendaient du poisson et de la viande de gibier pour survivre. GRACIEUSETÉ DE KARIHWAKERON TIM THOMPSON.
Misko-Aki en 1881
Le traité Robinson-Huron de 1850 prévoyait la cession controversée de terres anishinaabek à Misko-Aki. À l’arrivée des Mohawks en 1881, Misko-Aki était habité par les Anishinaabek de l’île Georgina, les Shawanaga de Parry Island, les Dokis de Henvey Inlet, les Temogamingue de Nipissing et les Chippewas de Rama. Les populations non autochtones augmentent après la construction de Chemin de colonisation en 1859 et avec l’augmentation du nombre des lignes maritimes avec des bateaux à vapeur. La plupart des colons avaient acquis leurs terres (plus de 40 hectares) grâce au Free Grants and Homestead Act de 1868 en Ontario. Les villes à proximité comprenaient Bala et Gravenhurst. L’exploitation forestière était la principale industrie et employait plus de la moitié de la population non autochtone en 1881. L’industrie du tannage du cuir était le deuxième employeur principal de la région.
À gauche : le peuple mohawk de Wahta a participé à l’industrie forestière, tant sur leur territoire que dans la région de Muskoka. Au début, des chevaux étaient utilisés pour traîner les troncs jusqu’aux scieries ou pour la drave. Au centre : cette photo rappelle les premiers campements érigés par les Mohawks à leur arrivée à Misko-Aki. Dans la réserve de la rivière Indian, à Port Carling, les Wahtaronon vendaient des objets d’artisanat tels que des paniers, des bijoux en perles et des articles en cuir. À droite : de nombreux hommes mohawks utilisaient leurs compétences en matière de canotage pour le tourisme local en servant de guides pour les pêcheurs sportifs et les vacanciers. Robert Stock (accroupi sur la photo) guidait les gens dans toute la région. Ancien combattant de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, il a de plus servi sa communauté en tant que garde-chasse et de chef élu. GRACIEUSETÉ DE KARIHWAKERON TIM THOMPSON.
Des baies rouges qui flottent sur l’eau
En 1969, les Mohawks de Wahta ont créé l’entreprise Iroquois Cranberry Growers qui a fonctionné avec succès pendant de nombreuses années. Les tourbières naturelles de la région étaient idéales pour la culture des canneberges, qui étaient ensuite transformées en jus, en gelées et en divers produits alimentaires. Les baies sont cueillies à l’automne et flottent sur l’eau jusqu’à ce qu’elles soient ramassées. Pour les Mohawks, les canneberges étaient aussi une plante médicinale. L’entreprise est devenue la plus grande exploitation de canneberges de l’Ontario, avec ses quelque 68 acres de champs immergés. Une trop forte concurrence au milieu des années 1990 a fait chuter les cours de ces fruits et cette production de canneberges a été abandonnée en 2017.
Si les Mohawks ont réussi à faire pousser des légumes dans un sol rocailleux, ils ont également diversifié leur économie et se sont tournés vers l’industrie du bois d’œuvre, alors en plein essor. Lorsqu’ils se sont installés dans la région, la province leur avait d’abord interdit de couper des arbres à bois mou afin de préserver ses avantages sur le plan économique pour les Blancs de la région. L’exploitation forestière est devenue une industrie majeure dans la région de Muskoka et a entraîné la transformation du paysage.
Tsi Tewaienthótha
est une organisation communautaire qui se consacre au renforcement de la sécurité alimentaire, de la résilience de la communauté et de la culture et des traditions kanien'kehá:ka (mohawks) à Wahta par le biais de leur engagement communautaire dans des techniques de production alimentaire respectueuses de la vie, d’une préparation des aliments et d’une alimentation saines et adaptées à leur culture.
ÉCOUTEZ NOS RÉCITS
Karihwakeron Tim Thompson, du Territoire mohawk de Wahta, raconte l’histoire des Haudenosaunee dans cette région. (Durée : 2 m)
GALERIE D’OBJETS EMBLÉMATIQUES
Apprenez à connaître des objets reflétant la lointaine histoire des Autochtones de Misko-Aki.
ÉCOUTEZ NOS RÉCITS
Karihwakeron Tim Thompson, du Territoire mohawk de Wahta, parle des relations entre les Haudenosaunee et les colons européens. (Durée : 2 m)
LES SEPT ENSEIGNEMENTS DES GRANDS-PÈRES
L’HUMILITÉ
Les Mohawks qui ont fondé Wahta ont traversé d’incroyables épreuves pour trouver un lieu de liberté. Cela a nécessité deux traits de caractère essentiels : la persévérance et l’humilité. Ce peuple s’est battu pour construire son chez-soi et pour tirer leur subsistance de la terre. Sa foi l’a soutenu. Il a perpétué la valeur ancestrale de l’humilité en étant reconnaissant de ce que la terre lui apportait et en travaillant au meilleur de ses habilités afin de subvenir aux besoins de ses familles et de bâtir une communauté viable.
En langue mohawk : Iah teiakotatsennakarátaton (« Celui qui ne met pas en valeur son propre nom »)
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Visitez le Muskoka Discovery Centre pour visiter l’exposition Misko-Aki, de même que pour connaître nos nombreuses autres expositions, programmes et activités immersives.
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