Wiigwaas Jiimaanke (construction d’un canoë en écorce de bouleau) dans le cadre de l’événement Georgian Bay Biosphere Canoe Build, 2019. PHOTO PAR DELINA RICE. GRACIEUSETÉ DE LA GEORGIAN BAY BIOSPHERE RESERVE.
QUATRIÈME IMPLANTATION
Les communautés des anichinabés
Ce que vous apprendrez dans cette section du site
À partir des années 1830, le Canada s’efforce de plus en plus d’expulser les peuples autochtones de leurs terres en les forçant à s’installer dans de petites propriétés foncières appelées « réserves », dans le but, entre autres, de convertir les Autochtones au christianisme et à l’agriculture selon les méthodes européennes. Souhaitant d’obtenir plus de terres pour les colons venant d’Europe, les dirigeants politiques au pays ont eu l’idée de « réserver » des terres pour les peuples autochtones. Les Britanniques ont ainsi encouragé, puis forcé ces populations à s’installer dans lesdites réserves, où des lois coloniales ont été mises en vigueur et où les coutumes et les modes de vie des étrangers leur ont été imposés. « L’Expérience de Coldwater », une tentative systématique d’assimilation des peuples anichinabés, a échoué en raison de l’empiétement des colons sur les terres des Autochtones, de la mauvaise gestion de l’État, de la concurrence entre communautés religieuses et du souhait évident des Anichinabés de conserver leur propre mode de vie.
Des enfants autochtones ont été pris à leur famille et placés dans des pensionnats partout au Canada de 1828 à 1996. L’objectif de cette mesure était de détruire les cultures autochtones et de forcer les familles à s’en remettre aux autorités gouvernementales et au mode de vie des Blancs. Cette mesure est aujourd’hui largement vue comme ayant été une grave erreur. Les sévices commis ont provoqué des traumatismes intergénérationnels et ont amené une confusion identitaire et des difficultés économiques perpétuelles chez ces personnes.
Dans les années 1830, le gouvernement du Canada se trouve à la croisée des chemins et est préoccupé par la «Indian Question » (le Problème indien) : que faire de ses alliés autochtones de la guerre de 1812? La solution des dirigeants de l’époque a consisté à forcer les Autochtones à quitter leurs terres, en les forçant à s’installer dans des réserves dans le but de les convertir au christianisme et de leur faire pratiquer l’agriculture comme les Anglais. Dans la région de Coldwater, l’expérience des réserves a échoué à cause de l’empiétement des colons sur les terres de ces réserves, de la mauvaise gestion de l’État, de la concurrence entre communautés religieuses et du souhait évident des Anichinabés de conserver leur propre mode de vie. Ce mode de vie était basé sur des migrations saisonnières pour la pêche, la chasse, la cueillette de médicaments et des d’érablières dans toute la région. Les Anichinabés continuent aujourd’hui de prospérer en conservant des modes de traditionnels et en guidant leurs communautés vers l’avenir.
L’arrivée des Potawatomi à Misko-Aki
Le 28 mai 1830, le président des É.-U. Andrew Jackson a promulgué l’Indian Removal Act (la « Loi sur la délocalisation des Indiens »). Cette législation donnait le pouvoir aux autorités d’expulser par la force tous les membres des nations autochtones situées à l’est du fleuve Mississippi et de les obliger à migrer vers l’ouest, ce que l’on a appelé par la suite la Trail of Tears, « le Sentier des larmes ».
La Nation des Potawatomi a été affectée par cette loi et beaucoup ont alors décidé de migrer vers le nord en territoire canadien. À Misko-Aki, les familles Potawatomi se sont installées avec les Premières Nations de Moose Deer Point et de Wasauksing. Certaines familles se sont jointes à l’établissement des Anichinabés sur l’île Beausoleil. Le recensement (Wooster Roll) de 1907 permet de retrouver les noms de ces familles. D’autres noms de famille ont été recensés depuis dans des communautés autochtones de l’Ontario.
L’expérience Coldwater : La création du système des réserves
La guerre de 1812 terminée, les relations entre les peuples autochtones et la Couronne britannique ont changé. Les peuples autochtones, dont les Anichinabés, ne sont plus perçus comme des alliés par la Couronne britannique et les colons. Souhaitant d’obtenir plus de terres pour les colons venant d’Europe, les dirigeants politiques au pays ont eu l’idée de « réserver » des terres pour les peuples autochtones. Les Britanniques ont ainsi encouragé, puis forcé ces populations à s’installer dans lesdites réserves, où des lois coloniales ont été mises en vigueur et où les coutumes et les modes de vie des étrangers leur ont été imposés. L’expérience de Coldwater a débuté en 1830, s’étendait d’Orillia à Coldwater et constituait l’un des premiers exemples du système de réserves au Canada.
« On attendait de nos ancêtres qu’ils et elles abandonnent leur culture et leur mode de vie traditionnel une fois transférés dans la réserve de Coldwater. Nos ancêtres ont refusé. Grâce à leur sagesse, ils sont restés fidèles à leur culture, à leur langue et à leurs traditions anichinabées. Ils ont continué de chasser, de faire des récoltes et de la pêche dans leurs territoires traditionnels. Ces autochtones ont refusé de s’assimiler complètement. Cela a irrité les autorités gouvernementales qui a estimé que nos ancêtres n’appréciaient pas les efforts qu’il avait déployés pour les intégrer au Canada. En 1836, nos ancêtres ont été contraints de céder la Réserve de Coldwater à la Couronne britannique et notre communauté s’est scindée en trois communautés distinctes connues aujourd’hui sous les noms de Chippewas de Rama, Chippewas de l’île Georgina et Première Nation de Beausoleil » – BEN COUSINEAU, Première Nation de Rama
Dispersion des communautés de la Réserve de Coldwater-Narrows
Yellowhead, Assance et Snake étaient les trois chefs de la réserve de Coldwater-Narrows. En 1836, ils sont invités à signer un document attestant des titres de propriété des terres de la réserve par le gouvernement dans la ville de York (Toronto), mais ils se font piéger et signent plutôt une concession ce territoire. Ayant été trompés, ils sont alors contraints de se disperser dans des communautés séparées. Le chef Joseph Snake a conduit sa bande sur l’île Snake et elle vit aussi aujourd’hui sur l’île Georgina que ces Autochtones considèrent comme leur demeure. Le chef John Assance et sa bande ont été déplacés sur l’île Beausoleil et vivent aujourd’hui sur l’île des Chrétiens. Le chef Yellowhead et sa bande ont pour leur part été contraints d’acheter les terres où ils vivent aujourd’hui à Rama.
LA PERSPECTIVE AUTOCHTONE
« Nous étions des alliés de la Couronne et c’est pourquoi que nous sommes entrés au Canada. Nous avons obtenu ces trois petits lopins de terre, mais nous n’avons pas été très bien traités. Nous n’avons même pas un traité qui pourrait nous aider. Ce n’est pas juste ». – ART SANDY, Première Nation de Moose Deer Point
« Ils étaient obligés de porter certains vêtements qui permettaient de savoir qu’ils et elles faisaient partie de cette réserve. S’ils étaient vus en dehors de ce territoire, les autorités étaient alertées et ils finissaient en prison ou étaient ramenés dans la réserve. Ils n’étaient pas autorisés à quitter l’endroit sans un laissez-passer. Ils devaient obtenir ce laissez-passer du lieutenant Anderson, l’agent des Indiens de l’époque. Ils n’avaient pas le droit d’entrer dans les magasins à moins d’être accompagnés par une personne non autochtone. Il y avait beaucoup de choses qu’ils n’avaient pas le droit de faire ». – MYIINGAN B. JEFF MONAGUE, Première Nation de Beausoleil.n
POSITIONS DU GOUVERNEMENT CANADIEN
« Lorsque l’école se trouve dans une réserve, l’enfant vit avec ses parents, qui sont des sauvages; il est entouré de sauvages et bien qu’il puisse apprendre à lire et à écrire, ses habitudes, sa formation et son mode de pensée sont indiens. Il est simplement un sauvage qui sait lire et écrire. . . Les enfants des Indiens devraient être soustraits autant que possible à l’influence de leurs parents et la seule manière d’y parvenir serait de les placer dans des écoles de métiers centralisées, où ils en viendraient à acquérir les habitudes et les modes de pensée des hommes blancs ». – SIR JOHN A. MACDONALD, Premier ministre du Canada, en 1883.
« Je veux me débarrasser du problème indien. Je ne pense pas, en effet, que le pays doive protéger en permanence une catégorie de personnes capables de se débrouiller toutes seules. . . Notre objectif est de continuer à œuvrer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien au Canada qui n’ait pas été assimilé sur le plan politique et qu’il n’y ait plus de problème indien, plus de ministère des Affaires indiennes, c’est ça le but de ce projet de loi ». – DUNCAN CAMPBELL SCOTT, surintendant adjoint des Affaires indiennes, lors de l’imposition aux Autochtones de la fréquentation des pensionnats en 1920.
ÉCOUTEZ NOS RÉCITS
Brian Charles, Chippewas de la Première Nation de l’île Georgina, explique l’importance et le rôle des ceintures wampum dans la société autochtone. (Durée: 4 m)
La Première Nation de Rama: une Première Nation fière et d’avant-garde
Tout au long de l’histoire, les Chippewas de la Première nation de Rama ont été connus comme un peuple bienveillant et qui avait le sens du partage. Ce territoire chippewa a été appelé "le lieu de rassemblement" où les voyageurs se reposaient avant de poursuivre leur route. C’est là aussi où de grandes réunions se tenaient et où d’importants traités ont été signés. Depuis les temps les plus reculés, les Chippewas ont été des entrepreneurs, des artisans, des chasseurs et des pêcheurs. Plus tard, ils ont servi de guides aux touristes dans toute la région et ont commercialisé des produits tirés de leur artisanat et des produits agricoles.
En 1996, la Première Nation a inauguré le Casino Rama. Peu après, elle a construit sa propre école de la maternelle-jardin à la huitième année, un poste de police, une caserne de pompiers, une clinique services médicaux d’urgence, un centre de santé, un centre pour personnes âgées, un aréna et bien plus encore. Les jeunes de la communauté atteignent aujourd’hui un haut niveau d’éducation, leur peuple a du travail et est prospère. Ils et elles se réapproprient aussi leur culture et leur langue.
Le Casino Rama et l’hôtel qui en est le complément ne sont pas gérés par la Première Nation de Rama, mais par un exploitant de casinos indépendant. Ce casino était auparavant exploité par la Société des loteries et jeux de l’Ontario (OLG). La Première Nation de Rama perçoit seulement des revenus provenant de la location du terrain à l’exploitant. La décision de la communauté d’autoriser la venue du casino de Rama a, quoi qu’il en soit, ouvert la voie à un avenir prospère et et à l’avant-garde.
« Notre communauté et notre peuple ont surmonté d’énormes difficultés. Nous avons survécu à des tentatives de génocide, à l’érosion de nos droits issus des traités, au vol de nos terres et à d’innombrables lois systémiquement racistes conçues pour effacer la présence de notre peuple. Et pourtant, nous sommes toujours là. Au cours des 40 dernières années, notre petite communauté s’est transformée en un endroit animé offrant de nombreuses possibilités à ses résidents ». – MARK DOUGLAS, Première Nation des Chippewa de Rama
Première Nation de Beausoleil
G'chi Mnissing (île des Chrétiens) fait partie du territoire de la Première Nation de Beausoleil et comprend les îles Beckwith et Hope. Cette magnifique île abrite 860 Anichinabés (des Ojibwés).
Les Anichinabés ont d’abord été déplacés à Coldwater en 1830, puis à l’île Beausoleil en 1838. Enfin, cette bande a été déplacée pour une troisième fois en 1856 sur l’île des Chrétiens où ils vivent encore aujourd’hui.
« En tant que membre de la Première Nation de Beausoleil, je suis pleinement conscient du fait que mes ancêtres ont habité ces terres pendant des milliers d’années avant l’arrivée des Européens. Je suis convaincu que l’histoire de la présence de mon peuple sur ces terres doit être racontée ». – MYIINGAN B. JEFF MONAGUE, Première Nation de Beausoleil
Première Nation des Chippewasde l’île Georgina
L’île Georgina est située sur la rive sud du lac Simcoe, à l’est de Sutton et au sud d’Orillia près de l’autoroute 48. Leur territoire comprend trois îles du lac Simcoe : les îles Georgina, Snake et Fox. D’autres parties de leur territoire comprennent deux petites bandes de terre sur le continent à l’île Grove et à Virginia Beach, ainsi que l’île Chippewa dans la baie Georgienne. L’île Chippewa appartient conjointement aux Chippewas de l’île Georgina, aux Chippewas de Rama et à la Première Nation de Beausoleil.
Leurs trois Premières Nations sont connues sous le nom de Conseil tripartite des Chippewas.
Dans le cadre d’un processus appelé "Les ajouts aux réserves", les Chippewas de la Première nation de l’île Georgina collaborent avec le gouvernement canadien afin de s’assurer que les terres qu’ils achètent correspondent au statut de territoires de leurs réserves d’origine. Les Chippewas ont déjà acheté des terres et sont en train d’en modifier le statut.
Première nation Wasauksing (Celle qui se distingue des autres)
La Première Nation de Wasauksing (anciennement la Réserve indienne de Parry Island no 16) est située sur les rives orientales de la baie Georgienne. Cette île de 28 miles carrés se trouve juste à l’ouest de l’actuelle ville de Parry Sound et forme la rive sud de Parry Sound ou Big Sound. Les citoyens de cette nation descendent principalement de deux bandes ojibwées locales, soit la bande de l’île au Sable et la bande de Muskoka. Ils et elles ont ensuite été rejoints par des réfugiés Odawa et Potawatomi du Michigan et du Wisconsin. Aujourd’hui, Wasauksing est une communauté dynamique qui s’efforce de parvenir à l’autodétermination et à l’autosuffisance.
« Connaître et célébrer notre passé et la façon dont notre communauté a évolué pour devenir la communauté dynamique qu’elle est aujourd’hui ne peut qu’améliorer notre voie vers l’avenir. Le texte de préambule de l’Anishinaabe Chi-Naaknigewin le dit admirablement : « Ka mnaadendanaa gaabi zhiwebag, miinwa nango megwaa ezhewebag, miinwaa geyaabi waa ni zhewebag ». (Nous respectons et honorons le passé, le présent et l’avenir). – VINCENT L. CHECHOCK, Première Nation Wasauksing
Première Nation de Moose Deer Point
Ce sont des Potawatomi, les gardiens du feu sacré de la Confédération des trois feux. Ils assument la responsabilité traditionnelle de la sauvegarde des voies spirituelles et culturelles de leur peuple.
La communauté de la Première nation de Moose Deer Point est située à environ 60 kilomètres au sud de Parry Sound. La Nation occupe des terres sur les rives de la péninsule de Moose Deer Point, y compris la baie Isaac, la baie King et la baie Gordon.
Toutes les terres de son territoire appartiennent à la Première Nation. Les particuliers ne possèdent pas de terres de la même manière que les autres Canadiens ou que de nombreuses autres Premières Nations. Lorsqu’une personne veut construire une maison dans cette Première Nation, elle choisit un lieu et demande au chef et au Conseil l’autorisation de construire un bâtiment à cet endroit.
La Première Nation de Moose Deer Point se distingue des autres communautés autochtones de la région par le fait qu’elle a été créée sans qu’un traité ait été signé. Wallace Nesbitt, un ancien juge de la Cour suprême du Canada et le propriétaire d’un chalet dans la région, les a aidés à obtenir le statut de réserve avec une assise territoriale. C’est ainsi que leur réserve composée de trois petites parcelles de terre a été créée.
ÉCOUTEZ NOS RÉCITS
Biidaanakwad Mark Douglas, Chippewa de la Première Nation de Rama, traite des fascines de Mnjikaning et de la façon dont la pêche a été faite de façon durable pendant des milliers d’années. (Durée: 2 m 18 s)
LES SEPT ENSEIGNEMENTS DES GRANDS-PÈRES
LA SAGESSE
En l’espace de 170 ans, notre communauté a vu son territoire passer de millions d’hectares à moins de 900 hectares à la suite des Traités 16 et 18 (signés respectivement en 1815 et 1818). Les traités Williams (1923) ont privé nos ancêtres de la possibilité de chasser et de faire de la cueillette sur notre territoire traditionnel, ce qui les a obligés à adapter leur mode de vie en conséquence. Nos ancêtres ont utilisé leur savoir traditionnel à Misko-Aki pour gagner leur vie. Plusieurs sont devenus des guides de pêche et de chasse pour les touristes qui sont venus à Muskoka entre le début et le milieu des années 1900.
GALERIE D’OBJETS EMBLÉMATIQUES
Apprenez à connaître des objets reflétant la lointaine histoire des Autochtones de Misko-Aki.
Prêts à vivre l’expérience de Misko-Aki en personne?
Visitez le Muskoka Discovery Centre pour visiter l’exposition Misko-Aki, de même que pour connaître nos nombreuses autres expositions, programmes et activités immersives.
Acheter des billets